Suis-je vraiment bienveillant dans ma communication ?
- Jean-Jacques Yonnet

- il y a 5 jours
- 5 min de lecture
Beaucoup de professionnels se décrivent comme bienveillants. Ils font attention à leurs mots, cherchent à éviter les tensions et ont sincèrement le sentiment de respecter leurs interlocuteurs. Pourtant, malgré cette intention positive, les échanges peuvent rester flous, générer des incompréhensions, voire provoquer de la résistance.
La question mérite donc d’être posée sans jugement : être bienveillant dans son intention suffit-il à l’être dans sa communication ? Car entre ce que l’on souhaite transmettre et ce que l’autre reçoit, un écart peut exister. C’est précisément dans cet espace que se joue la qualité relationnelle.
Sommaire

1. La bienveillance : une intention… mais aussi un impact
La bienveillance est souvent définie par l’intention : vouloir bien faire, respecter l’autre, préserver la relation. Cette intention est essentielle, mais elle ne suffit pas à garantir une communication efficace.
En situation professionnelle, ce qui compte réellement, ce n’est pas seulement ce que l’on veut dire, mais l’effet que cela produit :
le message est-il compris ?
la demande est-elle claire ?
la relation est-elle renforcée ou fragilisée ?
Une communication peut être sincèrement bienveillante dans l’esprit de celui qui parle, tout en étant vécue comme floue, infantilisante ou inconfortable par celui qui écoute.
2. Pourquoi on peut se croire bienveillant sans l’être vraiment
Dans la pratique, beaucoup de comportements sont spontanément associés à la bienveillance. On pense bien faire en évitant les sujets sensibles, en adoucissant systématiquement ses propos ou en multipliant les précautions verbales. Ces réflexes sont compréhensibles : ils visent à préserver la relation et à limiter les tensions.
Pourtant, cette manière de communiquer peut produire un effet paradoxal. À force de vouloir ménager l’autre, le message perd en netteté et en efficacité. La forme devient si prudente que le fond finit par se diluer.
Concrètement, cela peut entraîner plusieurs effets :
le message devient difficile à saisir ou à interpréter,
l’interlocuteur ne sait pas clairement ce qui est attendu de lui,
la relation gagne en confort apparent, mais perd en clarté réelle.
Ce décalage est rarement conscient. Dans bien des cas, la personne se perçoit comme attentive, respectueuse et bien intentionnée. Et c’est souvent vrai sur le plan émotionnel. Mais sur le plan fonctionnel, la communication ne joue plus pleinement son rôle.
La bienveillance est alors confondue avec l’évitement. On évite de dire, de trancher, de poser un cadre, par peur de créer un malaise ou une réaction émotionnelle. Sans s’en rendre compte, l’énergie est davantage utilisée à se protéger soi-même qu’à réellement aider l’autre à avancer.
Ce mécanisme peut aussi installer une forme d’ambiguïté relationnelle. Les sujets sensibles ne sont jamais vraiment abordés, les ajustements restent implicites, et les incompréhensions s’accumulent. À long terme, cette absence de clarté peut générer de la frustration, de la lassitude ou une perte de confiance mutuelle.
🧭 La clé ne réside donc pas dans le fait d’être plus gentil, mais dans le fait d’être plus lucide sur l’impact de sa communication.
Être réellement bienveillant, ce n’est pas éviter les zones inconfortables, mais savoir les traverser avec respect. C’est accepter que la clarté puisse parfois créer un léger inconfort immédiat, pour éviter un malaise durable.
3. Les signaux d’une communication bien intentionnée mais peu efficace
Sans s’en rendre compte, certaines personnes communiquent de manière douce, mais peu structurée. Quelques indices permettent de repérer ce décalage :
les mêmes sujets reviennent régulièrement sans être résolus,
les décisions sont mal comprises ou mal appliquées,
les feedbacks sont accueillis avec surprise ou incompréhension.
Ces signaux ne traduisent pas un manque de respect, mais un déséquilibre entre attention à l’autre et clarté du message.
4. Intention vs impact : le point de bascule
La vraie bienveillance commence lorsque l’on accepte de regarder l’impact de sa communication, même lorsqu’il ne correspond pas à son intention initiale.
Cela implique de se poser des questions simples mais exigeantes :
Qu’est-ce que l’autre a réellement compris ?
Mon message aide-t-il à agir ou crée-t-il de la confusion ?
Est-ce que je cherche à préserver la relation… ou à éviter une tension ?
Ce déplacement du regard, de l’intention vers l’impact, est souvent un tournant majeur dans le développement des compétences relationnelles.
5. Ajuster sa communication sans renier ses valeurs
Être plus clair ne signifie pas être plus dur. Au contraire, une communication bienveillante et efficace repose sur un équilibre subtil entre respect et fermeté.
Cela passe notamment par :
des messages plus directs, mais posés,
des demandes explicites plutôt que suggérées,
la capacité à nommer un désaccord sans l’enrober excessivement.
Cette posture demande un certain courage relationnel, mais elle renforce la confiance sur le long terme.
6. Développer une bienveillance claire et professionnelle
La bienveillance devient réellement constructive lorsqu’elle s’inscrit dans un cadre. Ce cadre n’est pas rigide, mais lisible. Il permet à chacun de savoir où il en est, ce qui est attendu et ce qui peut être discuté.
C’est précisément ce que travaillent les formations en communication et en posture professionnelle :,apprendre à rester respectueux sans diluer le message, et à préserver la relation sans s’effacer.
Avec de la pratique et des retours structurés, la communication gagne en cohérence, et la bienveillance cesse d’être une intention floue pour devenir une compétence maîtrisée.
Conclusion
Se demander si l’on est vraiment bienveillant dans sa communication n’est pas un signe de faiblesse, mais de maturité professionnelle. La bienveillance ne se mesure pas uniquement à ce que l’on ressent, mais à ce que l’on produit dans la relation.
Lorsque l’intention et l’impact s’alignent, la communication devient plus claire, plus fluide et plus respectueuse — pour soi comme pour les autres.
Le conseil de votre Formateur / Coach 💬
💡Conseil pratique
Après un échange important, demande-toi non pas « ai-je été bienveillant ? », mais« qu’est-ce que l’autre peut faire concrètement avec ce que j’ai dit ? »La réponse est souvent très révélatrice.
💡Le saviez-vous ?
Les travaux en psychologie sociale montrent que les communicants perçus comme à la fois chaleureux et clairs sont jugés plus crédibles que ceux qui cherchent uniquement à être agréables (Cuddy, Harvard Business School). La bienveillance gagne en impact lorsqu’elle s’appuie sur une communication structurée.




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